État de la liberté de la presse au Burkina Faso : Un recul très marqué

État de la liberté de la presse au Burkina Faso : Un recul très marqué

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La journée nationale de la liberté de la presse a été instituée en 1998. Cette date marque la création du Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ).

Cette journée rappelle le 20 octobre 1993, période à laquelle le (MBDHP) Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples avait initié une pétition populaire en vue d’une relecture du code de l’information de 1990 par l’Assemblée des Députés du Peuple.

C’est dans un contexte d’insécurité depuis plusieurs années et de crise sanitaire liée au coronavirus qu’est célébrée la journée nationale de la liberté de la presse. Des situations sources de rudes épreuves pour les médias tant au plan professionnel qu’économique. Selon le classement mondial 2021 de la liberté de la presse publié par Reporter Sans Frontière (RSF), le Burkina Faso occupe la 37e position sur 180 pays. Il occupe la 5e place en Afrique et le 1er pays en Afrique francophone. Un classement qui peut réjouir mais non sans difficultés.

Le rapport 2020 du centre national Norbert Zongo sur l’état de la liberté de la presse donne la note de 2,41 sur 4 (contre 2,50 en 2019) comme Indice de la liberté de la presse. Le rapport explique cette baisse de l’Indice de la liberté de la presse essentiellement par la recrudescence des actes de violation de la liberté de la presse. L’état de la liberté de la presse se dégrade au Burkina Faso. Cela s’observe avec les velléités de caporalisation des médias publics, la dégradation de la situation sécuritaire, la recrudescence des agressions et menaces contre les médias et les journalistes ces dernières années ainsi que la révision du Code pénal intervenue le 21 juin 2019 avec l’introduction de dispositions liberticides et anti-presse.

Les exemples sont légion, le 10 juin 2022 l’ancien rédacteur en chef du journal L’Événement et commentateur de l’actualité, Newton Ahmed Barry, a été menacé dans un enregistrement audio circulant sur les réseaux sociaux.

Le 24 mai 2022, un responsable sportif local de Banfora, dans la province de la Comoé, a menacé le journaliste sportif Besséri Ouattara, du journal L’Express du Faso en lui donnant 3 jours pour quitter la ville. Il lui reprochait d’avoir relayé une information concernant le refus des joueurs d’une équipe locale de prendre part à la demi-finale de la coupe nationale en raison d’arriérés de salaire et de primes impayées.

Le 19 mai 2022, le journaliste de la chaîne de télévision BF1, Luc Pagbelguem, a été agressé par les gardes du corps du premier ministre burkinabé, Albert Ouédraogo, alors qu’il couvrait un acte de célébration du 20e anniversaire de la création du Centre d’analyse des politiques économiques et sociales, un organisme gouvernemental.

Un autre exemple très récent, c’est la suspension d’Oméga Médias par le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) le 8 juin 2021 suite à la diffusion d’informations consécutives à l’attaque terroriste de Solhan. Le même média est objet de menaces depuis quelques à la suite de l’animation de son animateur et journaliste Alain Niézo Traoré dit Alain Alain dans son émission Le défouloir de Alain Alain.

De plus, en interdisant la couverture en direct des actes terroristes et en instituant une autorisation préalable pour leur couverture, le législateur burkinabè consacre de fait un net recul en matière de liberté de la presse au Burkina Faso. Malgré ces réalités et face à  l’impératif de renforcer la liberté de la presse et d’améliorer les conditions de vie et de travail des journalistes, les médias burkinabè restent engagé à être professionnellement irréprochables, libres et indépendants de toutes les chapelles politiques et des pouvoirs économiques.

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