Adama Amadé Siguiré: Être jeune, ce n’est pas avoir 25 ans…

Adama Amadé Siguiré: Être jeune, ce n’est pas avoir 25 ans…

Être jeune, ce n’est pas avoir 25 ans, c’est être capable de surmonter les grandes difficultés et d’avoir de grandes ambitions pour soi et pour son pays.

Je me rappelle effectivement le titre de cette analyse que j’ai lue dans le livre de mon ami Boubacar El Hadj, actuel Directeur Général de L’ENEP de Dori. Il ressort dans son analyse qui avait pour titre Être jeune que, voulant céder sa place au docteur Boubacar LY, lors d’une rencontre pour le respect dû aux aînés, le docteur Ly lui a dit: asseyez-vous, je suis bien jeune. Je peux me tenir debout” Et pourtant, le docteur Ly doit avoir plus de 70 ans, mais dans sa définition de la vieillesse, il dit qu’est vieux celui qui n’est plus utile. Et ainsi, lui docteur Ly étant toujours bien utile à sa société ne saurait être un vieux. Il ajoute en disant que la vieillesse se trouve dans la tête et non pas dans les os ou l’âge.

Et j’ai tenté de bien comprendre cette philosophie. Et je l’ai comprise. Dans ma vie de tous les jours, je vois des jeunes qui n’ont souvent aucune ambition, aucun rêve et ne veulent pas la grandeur. Ici au Burkina, certains sont arrivés à la conclusion que rêver de grandeur est un péché, un vice. Notre humilité frise souvent le mépris de soi et le mépris de l’existence. Un jour, de passage à la direction des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale pour voir un ami qui y travaillait, un inspecteur m’intercepte dans la cour. Il était du contentieux, et il me dit que je devrais revenir les voir par rapport à ma situation restée irrégulière. J’ai ri et je me suis dit :” il pense qu’il peut se moquer de moi. Le seul et unique poste qui me convient maintenant dans votre ministère, c’est celui du Ministre. Je ne suis pas né pour reculer, mais pour avancer. N’en déplaise à mes détracteurs.”

Hier, un jeune m’a écrit, me disant qu’il avait beaucoup de problèmes. J’étais surpris qu’un jeune de son âge ait beaucoup de problèmes. Et je lui demande de m’expliquer. Il dit avoir perdu son père, et sa mère n’ayant pas un bon emploi, ils ont toutes les difficultés pour vivre. Et voilà un jeune de moins de vingt-cinq ans qui pleurniche face aux dures épreuves de la vie. Et j’ai été ferme avec lui. Un jeune de moins de vingt- cinq ans qui ne veut pas souffrir au Burkina doit mourir pour nous permettre de continuer. Je ne saurais comprendre le pessimisme et le désespoir d’un jeûne de moins de trente ans. Je ne saurais partager la misère et la nonchalance d’un jeune de moins de trente ans. La vie est un projet, disait Sartre. Faites de vous-même la personne que vous voulez, et laissez les gens en paix. Si vous manquez de rêves, d’ambitions, si vous ne voulez pas souffrir pour grandir, c’est votre problème. Vous avez choisi la misère, que la misère vous accable au quotidien. Je dis aux jeunes qui me demandent de les aider pour éditer leurs livres : ne venez pas me faire des leçons sur la souffrance parce que j’en ai assez étudié et je ne vais pas les accepter. Souffrir est inhérent à la vie, surtout au Burkina.

Comment comprendre qu’un jeune qui est en terminale et qui a toute la vie devant lui, veuille baisser les bras, veuille se résigner, parle de déception et de tristesse ? Tristesse et déception face à quoi ? Se résigner parce qu’on ne veut pas se battre, parce qu’on est paresseux, parce qu’on a peur de la vie, c’est la plus grande lâcheté qui soit. Mais, le docteur Ly a raison. La jeunesse se trouve dans la tête, surtout de nos jours. Dans mes classes, je vois des vieux et des vieilles de moins de 20 ans. Ils sont nombreux. Le visage triste, la paresse chevillée au corps, ils célèbrent la fainéantise et cultivent la misère toute la journée marchant nonchalamment en traînant les pieds dans la cour du lycée comme des cadavres sortis des cimetières. Le pays ne peut pas compter sur ces élèves pour se développer.

Celui qui a peur de la vie ne devrait pas naître. Être jeune, c’est être fou. Fou dans ses rêves, dans ses visions, dans sa démarche et même dans son regard. “Ce qui importe, ce n’est pas la couleur de votre peau, blanche ou noire. Ce qui importe, c’est la couleur de votre tête : rouge ou verte., disait BIRT Duncan. La réussite et le succès au 21 e siècle ne visitent pas les conformistes, les formalistes, les gestionnaires, les conservateurs, les peureux et les lâches. Ils visitent ceux qui refusent l’ordinaire, le conformisme et qui veulent se frayer de nouveaux chemins en prenant des risques. J’ai dit au jeune homme de ne plus m’appeler pour se plaindre de la vie. Je n’aime pas les gens qui n’aiment pas la vie. Je lui ai dit que s’il échoue, ce n’est pas parce que son père est mort très tôt, c’est parce qu’il a opté pour l’échec. Il y a des jeunes qui ont échoué et dont les pères dont vivants. Ils sont nombreux. Et moi aussi, j’ai perdu mon père très tôt. Et j’ai refusé la fatalité, la misère pour moi-même, pour mes sœurs et mes fils. Et je l’ai toujours dit haut et fort : je suis né pour côtoyer les sommets et non pas pour dormir dans les vallées. Je sais bien que dans les vallées, il fait frais et dans les sommets, il fait chaud, mais c’est mon souverain choix.

Il faudrait que les jeunes se réveillent. Ils doivent rêver, ils doivent avoir des ambitions, ils doivent se battre. Ils doivent prendre leur destin en main. Personne ne grandira dans les jérémiades, les plaintes, la paresse, le conformisme béat, l’humilité ridicule. Quand je cherchais mon permis de conduire, un ami m’a demandé qu’est-ce que je vais faire avec un permis de conduire sans voiture. Je lui ai dit que moi aussi, je vais rouler avec une voiture au Burkina comme les milliers d’automobilistes. Où est le mal dans mes propos ? Depuis quand Dieu a envoyé quelqu’un en enfer parce qu’il ne rêve que de grandeur, de réussite, tout en comptant sur sa confiance en soi, sur son sacrifice au travail, sur sa capacité de persévérance ?

Dieu bénisse ceux qui refusent la fatalité et la misère dans la vie peu importe d’où elles viennent.

Adama Adama SIGUIRE

Ecrivain Professionnel

Consultant en Relations humaines

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