C’est un véritable master class auquel ont eu droit les participants à la conférence publique de ce dimanche 14 mars 2021 à Koupéla, animée par Docteur Han-Madou Ilboudo, Enseignant-Chercheur en Sciences de gestion à l’Université Joseph Ki-Zerbo et Expert-Formateur en Finance islamique. La rencontre a eu pour cadre la salle de réunion de la nouvelle mairie de la commune urbaine de Koupéla.
Organisée par le bureau provincial du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamique (CERFCI), la conférence-débat livrée par le Docteur Ilboudo, pionnier de la Finance islamique au Burkina dans ses volets théorique et pratique, s’est articulée autour du thème « Islam et questions financières ». Pour le Directeur-fondateur de l’Institut Africain de Finance Islamique et de Gestion (IAFIG), « l’économie occupe une place médiane en Islam. En ce sens qu’autant la religion musulmane incite à la quête licite de la richesse, autant elle fait savoir au Musulman qu’il n’en est qu’un dépositaire. Le véritable propriétaire de cette richesse n’est autre que Dieu le Tout-Puissant, créateur des matières premières sur lesquelles se fonde et se fructifie cette richesse ». D’où, souligne l’expert , « l’édiction de trois principes islamiques en lien avec la richesse à savoir, le principe de la gérance et de la succession, le principe d’éthique et enfin le principe de la liberté économique encadrée ».
Pour le docteur Ilboudo, par ailleurs professeur associé de London School of Modern Studies, « ces trois principes évoqués plus haut impliquent deux autres principes en l’occurrence le principe de la reconnaissance de la propriété privée et le principe de l’érection du travail comme source principal d’enrichissement ».
Durant plus de quatre heures d’horloge, le public dont l’engouement le disputait à l’enchantement, Han-Madou a fait montre d’une grande maitrise des questions économiques et financières en général et celles islamiques en particulier. Enchainant les exemples tirés de son parcours académique, professionnel et personnel, il n’a pas manqué de susciter l’intérêt de l’assistance qui n’a pas vu le temps passer. Une assistance qui a eu droit, pourrait-on dire, à un étalage discursif et comparatif entre la finance islamique et la finance conventionnelle prise, selon lui, dans la tourmente de la « volatilité des activités économiques » à l’échelle mondiale occasionnant des crises économiques et financières qui débouchent – qui ont débouché – sur des drames humains notamment dans les pays les plus développés.
Si la validité de toute transaction financière en Islam est conditionnée par l’effectivité du travail fourni, la question de la responsabilité, le risque et l’existence d’une contrepartie tangible et non fictive, il importe de souligner que l’un des éléments saillants de la finance islamique réside dans l’interdiction du Riba, c’est-à-dire le surplus pécuniaire obtenu sans travail qu’il soit contractuel, coutumier ou bilatéral. La finance islamique met également un point d’orgue à l’interdiction de la trahison, de la spéculation et de l’interdiction de toute transaction non adossée à des actifs tangibles. Ces transactions « non possédées » favorisent l’économie fictive aux antipodes de l’économie réelle qui garantit la stabilité économique et la lutte contre l’inflation.
Une démonstration majestueuse d’un cours magistral qui a eu l’avantage de produire ses effets dans l’assistance, laquelle n’a pas manqué « d’assaillir » le conférencier de mille et une question. Signe que le thème choisi reflétait réellement un besoin pressant dans le milieu de nombre de fonctionnaires burkinabè, soucieux de concilier la quête du bien-être matériel avec celle du bien-être spirituel, selon les principes de l’Islam. Pour Boureima Ouédraogo, Secrétaire Général du Bureau provincial du CERFI à Kouritenga, ” la conférence a tenu toutes ses promesses et même au-delà. Les participants repartent plus que jamais outillés et sensibilisés sur les notions liées à la finance islamique et surtout son utilité et ses avantages pour le Musulman en particulier et pour les citoyens en général”.
Amadé Adama SORO
De retour de Koupéla
1 Commentaire
Abdoul-Momini
Article détentrossime relatant une activité qui l’est tout autant.