“Café littéraire” de la mairie centrale de Ouagadougou au complexe la Dignité: Quand armes riment avec plume

“Café littéraire” de la mairie centrale de Ouagadougou au complexe la Dignité: Quand armes riment avec plume

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Les Forces de Défense et de Sécurité du pays des « Hommes intègres » ont un ” incroyable talent”, au sens sérieux et noble du terme. 

Non contentes de manier avec brio les armes pour nous éviter de couler les larmes, elles manipulent avec une dextérité inouïe la plume, nous laissant tomber sous leur charme.

Elisé Sorgho, Adjudant de la Gendarmerie nationale, tout comme le capitaine Daouda Derra et bien d’autres, fait partie de ces valeureux pandores burkinabè dont la tête ne dort qu’un laps de temps, le temps de récupérer leurs forces avant de repérer la prochaine mission épistolière ou de pistolier.

Il me faut donc l’alchimie syntaxiquo-sémantique de Saidou Alceny Barry, l’entregent cognitivo- livresque d’Adama Amadé Siguiré et l’approche éminemment afro-centrée de Dramane Konaté pour qualifier la joie avec laquelle les élèves, les enseignants et l’administration du complexe la Dignité ont accueilli la nouvelle de la désignation de leur établissement secondaire (et bientôt supérieur) par la mairie centrale de Ouagadougou pour l’organisation de ce café littéraire en cette soirée du 24 mars 2021.

Triée sur le volet, la centaine d’élèves du secondaire et quelques-uns de leurs cadets du post-primaire, dont la quasi-totalité avait achevé la lecture de l’œuvre d’Elisé Sorgho intitulé ” le fils prodigue”, autour de laquelle le « café littéraire » devait être servi, le parcours pittoresque de l’homme de tenue et de la plume, toujours bien tenue, leur a été donné sur un plateau d’or, sous l’œil vigilant et admiratif de M. Amadou Sana, 2e adjoint au maire central de la ville de Ouagadougou et de Mme Adeline Yaméogo, directrice générale des services administratifs de ladite mairie. Les deux personnalités étaient à la tête d’une imposante délégation communale dont le centre d’intérêt des membres qui la composait est le livre et ses dérivés.

Il faut ajouter que l’initiative de ces « cafés littéraires » qu’organise la mairie centrale de Ouagadougou vise un double objectif : encourager la culture de la lecture en milieu scolaire et faire la promotion des écrivains burkinabè.

Yakouba, le héros pour ne pas écrire le zéro du roman, un enfant drogué, qui a abandonné l’école, pris entre les mailles d’une vie mouvementée, au sens exécrable du terme, repêché puis plongé de nouveau dans l’abîme insondable de la violence, est le prototype de l’enfant raté, c’est-à-dire celui “dont les chaînes de connexion” avec les parents se sont disloquées, comme dira le capitaine Derra, venu soutenir son frère d’armes et de plume.

Cette rupture de connexion expose les enfants aux vicissitudes et aux péripéties amères et peu amènes de la vie et soumet les parents aux insoutenables scènes cycliques de l’opprobre social et aux regards peu cléments de la société d’où, de guerre lasse, le suicide de la mère de Yakouba, un jour de Tabaski, non loin d’un lieu de culte, laissant un époux désemparé qui finira lui aussi dans un établissement pénitentiaire.

Le talent du jeune sous-officier des forces armées nationales burkinabè ne réside pas seulement dans la maitrise de l’art narratif mais il réside surtout dans sa capacité à partir, à partir (la répétition n’est pas aléatoire) d’un fait divers pour en faire un véritable réquisitoire des plus croustillants et des plus percutants contre les maux d’une société africaine, confrontée à mille et une mille crises mettant à nu plusieurs fléaux jusque-là inconnus ou peu connus de l’Afrique : délinquance juvénile, consommation de stupéfiants, viol incestueux, prison, aventure, bref, un tableau peu reluisant…

Je m’en voudrais de ne pas le souligner : « le fils prodigue » est un véritable hymne à la combativité de la femme africaine dont le rôle, puissamment immense, (excusez de la tautologie), est toujours déterminant dans la réussite scolaire et professionnelle de biens des Africains et des Africaines. L’auteur en fait partie.

Amadé Adama SORO

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