Transformation géostratégique et géopolitique au Sahel : « Le Sahel est en quête de souveraineté et de recomposition géopolitique », dixit le journaliste Amadé Adama Soro au média Africa News dans un entretien exclusif

Transformation géostratégique et géopolitique au Sahel : « Le Sahel est en quête de souveraineté et de recomposition géopolitique », dixit le journaliste Amadé Adama Soro au média Africa News dans un entretien exclusif

Dans cet entretien exclusif accordé au média Africa News, Amadé Adama Soro, journaliste, communicateur,  analyste politique burkinabè et Directeur de publication du journal en ligne Détentronews livre une lecture fine et engagée des dynamiques politiques, sécuritaires et géopolitiques à l’œuvre au Burkina Faso et dans la région sahélienne. Il revient sur la transition menée par le capitaine Ibrahim Traoré, les relations avec la France, l’émergence de nouveaux partenariats, et les mutations profondes qui redéfinissent les équilibres régionaux. Lisez plutôt.


Africa News : Quelle est la situation politique et sécuritaire actuelle au Burkina Faso ?

Amadé Adama SORO : La situation politique est marquée par une stabilité relative, malgré les défis importants auxquels fait face la transition conduite par le capitaine Ibrahim Traoré. Sur le plan sécuritaire, bien que les menaces persistent, notamment dans le nord et l’est, des avancées significatives ont été enregistrées dans la reconquête de certaines zones et la réduction des attaques.


Africa News : Comment évaluez-vous la performance des autorités de transition ?

Amadé Adama SORO : Elles manifestent une volonté affirmée de relever les défis sécuritaires et de rompre avec les tutelles étrangères. Le capitaine Traoré jouit d’une popularité réelle, surtout chez les jeunes et dans les zones rurales. Toutefois, des efforts soutenus sont nécessaires pour renforcer les institutions et relancer l’économie.


Africa News : Où en est la reconquête des zones sous contrôle des groupes armés ?

Amadé Adama SORO : Des progrès ont été faits, mais la reconquête totale reste à parachever. Le défi majeur est désormais d’assurer la présence effective de l’État dans les zones libérées, en y rétablissant les services publics et l’administration.


Africa News : Comment la population perçoit-elle la rupture avec l’influence française ?

Amadé Adama SORO : C’est un discours bien accueilli, notamment par les jeunes, qui y voient une affirmation de souveraineté. Beaucoup estiment que la dépendance vis-à-vis de la France n’a pas apporté la stabilité attendue.


Africa News : Que pensez-vous de l’alliance entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso ?

Amadé Adama SORO : Elle marque une volonté commune de souveraineté et de rupture avec l’ordre régional imposé. Cette alliance pourrait redéfinir le paysage géopolitique ouest-africain et affirmer une nouvelle dynamique centrée sur les intérêts des peuples.


Africa News : Quelle est la signification du retrait de ces pays de la CEDEAO?

Amadé Adama SORO : Il s’agit d’un rejet des ingérences et des sanctions perçues comme injustes. C’est aussi une tentative de repenser l’intégration régionale sur de nouvelles bases, plus respectueuses des réalités nationales.


Africa News : L’alliance tripartite peut-elle devenir un vrai bloc alternatif ?

Amadé Adama SORO : Oui, à condition qu’elle soit élargie et structurée autour de principes d’intégration réelle, de sécurité partagée et de coordination politique efficace.


Africa News : Comment analysez-vous les tensions entre le Mali et l’Algérie?

Amadé Adama SORO : Elles découlent principalement de désaccords sur les mouvements de l’Azawad et la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Le rapprochement du Mali avec Moscou a modifié les équilibres, suscitant des crispations à Alger.


Africa News : L’Algérie adopte-t-elle une position partisane dans ce dossier?

Amadé Adama SORO : Certains indices le suggèrent, bien que l’Algérie cherche surtout à défendre ses intérêts frontaliers et à prévenir une implantation étrangère jugée indésirable. Son positionnement est donc complexe.


Africa News : Le Burkina Faso craint-il une déstabilisation régionale liée à ce différend ?

Amadé Adama SORO : Oui, toute escalade entre voisins risque de compromettre la coopération régionale, déjà mise à rude épreuve par la lutte contre le terrorisme.


Africa News : Quelle est la nature des relations actuelles entre le Burkina Faso et la France ?Elles sont très tendues. La rupture de la coopération militaire et la remise en question des accords historiques marquent un tournant radical.
Africa News : Quel rôle joue la Russie et d’autres partenaires ?

Amadé Adama SORO : La Russie s’implique de plus en plus via le soutien militaire et diplomatique. D’autres puissances comme la Chine et la Turquie intensifient aussi leur présence, notamment dans les infrastructures et le commerce.


Africa News :La France a-t-elle vraiment perdu son influence ?

Amadé Adama SORO : Son influence s’est réduite, mais elle cherche à se repositionner par d’autres biais : culturels, économiques, ou encore via le renseignement. Il est trop tôt pour parler d’un retrait complet.


Africa News :Quelle est votre évaluation de la politique française au Sahel ?

Amadé Adama SORO : Elle a manqué de vision stratégique et d’écoute. Ses interventions ont souvent aggravé la situation. Il aurait fallu privilégier une approche centrée sur les besoins des peuples, et non sur des considérations géopolitiques.


Africa News :Quels sont les scénarios d’avenir pour le Sahel ?

Amadé Adama SORO : Trois (03) scénarios se dessinent :
Une intégration souveraine, avec des alliances régionales autonomes ;
Une dégradation sécuritaire, si les transitions échouent à surmonter les défis ;
Un affrontement géopolitique, en cas d’escalade régionale ou internationale.

Africa News : L’Afrique se libère-t-elle véritablement de la tutelle occidentale ?

Amadé Adama SORO : Le processus est lancé, mais il est encore inachevé. Il faut aller au-delà des symboles et construire des institutions solides, des économies résilientes et une conscience populaire libérée.


Africa News : Quel rôle pour les médias et intellectuels africains ?

Amadé Adama SORO : Ils sont au cœur du combat pour la souveraineté des esprits. Les médias doivent s’affranchir des dépendances éditoriales, et les intellectuels proposer des alternatives enracinées, adaptées à nos contextes.

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