Les révélations du célèbre activiste Ibrahim MAIGA bouleversent de nombreuses personnes au Burkina Faso depuis quelques jours. Un ami commissaire de police a du mal à comprendre que pendant que les services de sécurité manquent souvent de matériel pour leur fonctionnement, des hommes et des femmes qui ne rendent pratiquement aucun service à la Nation empochent des millions de francs du contribuable. Eh bien!! Voilà la donne au Burkina. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg. La corruption ou le terrorisme passif légitime quelque part le terrorisme actif au Burkina. Je l’ai dit dans mon dernier livre.
Personnellement, je ne suis pas surpris par les révélations de MAIGA, car je savais bien que la corruption était le plus grand mal de notre pays. Et la grande majorité des Burkinabè vit de la corruption. Ce qui m’étonne, ce sont les montant distribués que je trouve faramineux. Sinon, depuis 2015, je suis attentivement les activistes et aussi les acteurs de la société civile et je sais qu’ils sont nombreux à être corrompus. C’est d’abord le MPP qui achète les fruits d’une lutte à coût de millions pour régner dans la médiocrité pendant six ans. La plupart des acteurs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre ont été corrompus par le pouvoir MPP. Il y a des évidences. Le MPP a distribué des millions à des acteurs de la société civile et à des activistes de 2015 à 2022.
C’est pourquoi, depuis la trahison que j’ai vécue en 2015, j’ai fait mon choix personnel et j’en assume les conséquences: je ne suivrai aveuglement personne dans ce pays. Chaque fois que je m’engage dans une lutte et je sens de la corruption, mon choix est vite fait: je me retire. Je ne ferai le combat d’aucun groupe, d’aucun parti politique. Sous le règne de DAMIBA, la corruption a atteint son apogée au niveau des activistes et des acteurs de la société civile. Si DAMIBA a financé des hommes et des femmes à hauteur de millions, ceux qui ont perdu le pouvoir le 24 janvier 2022 aussi ont financé des hommes et des femmes à hauteur de millions pour retrouver leurs postes. Les deux camps ont échoué et les frustrations sont visibles.
A partir de juillet 2022, face aux harcèlement de part et d’autres, avec les conseils des amis, j’ai décidé de me consacrer à mes activités. Je suis arrivé à une certitude: soit, vous côtoyez le sommet au Burkina et vous acceptez la corruption, soit vous mettez l’accent sur vos activités et vous vous éloignez des associations et autres acteurs de la société civile.. Je remercie encore cet ami pour ses conseils avisés. Rentré au pays en juillet pour ses vacances, il m’a invité un matin au restaurant la Véranda sis avenue Kwamé NKRUMAH. C’est lui qui m’a fait connaître ce restaurant de la bourgeoisie. Ce jour-là, j’étais mal dans ma peau, car j’avais refusé une invitation pour la création d’un mouvement et des acteurs de la société civile qui chantaient les louanges de DAMIBA demandaient aussi à me rencontrer. Ils me suppliaient de leur accorder cette chance de me rencontrer. Au restaurant la Véranda, mon ami a été catégorique avec moi. Il va me lire depuis l’Europe et il se reconnaîtra..Il m’a dit:” SIGUIRE, tu es arrivé à un niveau où tu es visible. Les gens ont besoin de ton soutien.. Ta voix compte. Soit, tu prends ta part et tu soutiens un groupe, soit tu profites de ta popularité pour mettre l’accent sur ton travail et te faire de l’argent. Sinon, tu ne pourras pas tenir dans cette position. Ils vont t’avoir. C’est comme ça que ça se passe “
J’étais agité. Mais, j’avoue qu’il a été sincère avec moi. La corruption des activistes, des acteurs de la société civile et des intellectuels est une réalité au Burkina. En fait, je comprends les gens à travers mon expérience. Il y a des gens qui veulent qu’on les corrompt. Mais, quand vous arrivez à un certain niveau, ce n’est pas vous qui allez vers la corruption, c’est la corruption qui vient vers vous. On vous appelle dans un bureau, dans un ministère et on vous dit:” Prenez cette somme et soutenez nous. Ou bien, il y a de la place pour vous, dites- nous ce que vous voulez?”
Il y a des gens qui m’ont insulté en disant que j’ai refusé de soutenir DAMIBA parce que je n’ai pas eu de postes, ils ne peuvent pas comprendre. Moi, on m’a appelé un matin vers dix heures dans un ministère courant le mois d’avril pour me dire:” il y a de la place pour toi SIGUIRE, nous avons besoin de ton soutien”. J’ai quitté le lieu tout triste. J’avoue aujourd’hui que je comprends ceux qui acceptent l’argent et les propositions. Je les comprends. C’est difficile de refuser dans un pays si pauvre. Il faut avoir du caractère. Personnellement, je rends encore hommage à mes nombreux amis, ceux qui vivent au Burkina comme ceux qui vivent à l’extérieur, qui ont toujours refusé de me laisser tomber dans les moments difficiles. Mon épouse me dit souvent:” Tes amis t’aident beaucoup”. Et j’ai toujours dit:” je préfère l’argent d’un ami à l’argent de la corruption..
Mais, la corruption restera pendant longtemps de règle dans ce pays.
Adama Amadé Adama
Écrivain Professionnel/Consultant
Source: burkinaweb.net